Le Bureau Enquêtes-Accidents (BEA) du Bénin a organisé le 26 juin 2025, un atelier qui a réuni des professionnels de l’aviation, le représentant du Président du Conseil d’Administration du BEA, le représentant de l’ASECNA, journalistes spécialisés et autorités de régulation autour d’une même cause : renforcer la sécurité et l’indépendance technique de l’aviation béninoise.
Deux communications ont meublé cette rencontre, inscrite dans le Plan de Travail Annuel 2025 du BEA : la gestion de l’espace aérien béninois, et la notification des incidents et accidents d’aviation civile.
L’espace aérien du Bénin : une reconquête stratégique et une maîtrise partagée avec le Togo depuis 2015
La première communication, assurée par M. DODOU Honoré, Chef de l’Unité de Contrôle des Services de la circulation aérienne (ATS) du Centre de Cotonou (ASECNA), portait sur l’organisation de l’espace aérien du Bénin. Elle a permis de retracer les étapes historiques qui ont conduit à la reprise en main de l’espace aérien par le Bénin et le Togo, en 2015.
Pendant longtemps, le contrôle de l’espace aérien des deux pays était confié à la Région d’Information de Vol (FIR) d’Accra, au Ghana. Mais à la suite d’un long processus diplomatique et technique, le Bénin et le Togo ont récupéré la pleine maîtrise de leur espace commun. En juin 2015, une restructuration majeure de la sectorisation a permis au Bénin et au Togo de devenir pleinement maîtres de leur espace aérien commun. Désormais :
- Le Bénin assure la gestion de l’espace inférieur (jusqu’au niveau de vol FL245), (soit environ 7 500 mètres d’altitude).
- Tandis que le Togo contrôle l’espace supérieur, au-delà du niveau de vol FL245.
Ce nouveau partage s’appuie sur des investissements technologiques importants :
- Introduction du guidage radar d’approche en mars 2018
- Mise en service du système ADS-B (Automatic Dependent Surveillance–Broadcast) en mai 2022
- Réorganisation complète de la sectorisation FIR pour une meilleure couverture régionale.
Notification des accidents : une urgence réglementaire et sécuritaire
La deuxième communication du jour, présentée par M. Derreck Oswald AMEGBEDJI, enquêteur de première information au BEA, portait sur les principales étapes de la notification d’un incident ou accident d’aviation civile.
La notification n’est ni une simple formalité ni une reconnaissance de responsabilité : c’est une obligation internationale prévue par l’Annexe 13 de l’OACI, conforme à la Directive UEMOA N°05 et inscrite dans le Code béninois de l’Aviation civile (Loi n°2024-29). Elle vise à alerter immédiatement les autorités compétentes, à sécuriser le site de l’événement, à mobiliser les secours et à ouvrir rapidement une enquête de sécurité si nécessaire.
Les participants ont été sensibilisés aux différents moyens de notification disponibles au BEA, accessibles 24h/24 :
- Téléphone : +229 01 66 84 21 21
- E-mail : notification@bea.bj
- Formulaire en ligne : www.bea.bj
« Notifier, c’est agir. C’est permettre aux États concernés de se mobiliser immédiatement, de participer à l’enquête, et de prévenir de futurs drames », a souligné le présentateur.
Une culture de sécurité ancrée dans la transparence et la souveraineté
Ce séminaire a mis en évidence la maturité croissante du Bénin dans la gestion de son espace aérien et dans l’organisation des enquêtes de sécurité. La reprise du contrôle de l’espace aérien conjoint Bénin-Togo, et l’autonomisation du BEA en matière d’enquêtes techniques, sont deux piliers d’une même stratégie : renforcer la sécurité, la réactivité et l’indépendance du système aérien national.
Le message du BEA que veut transmettre cet atelier est que chaque information transmise à temps peut sauver des vies. Et désormais, le ciel béninois est mieux surveillé et mieux préparé.